Les coûts de revient de l'énergie nucléaire

Les coûts de revient (coûts de production) de l’électricité produite dans les centrales nucléaires suisses se situent depuis quelques années entre 4 et 6 centimes le kilowattheure. Ils comprennent:

  • Les dépenses liées à l’exploitation des centrales nucléaires
  • Les assurances
  • Les coûts associés à la désaffectation des installations ainsi qu’au stockage intermédiaire et à la gestion des déchets, y compris la mise à disposition, dans les délais, et l’exploitation d’un dépôts en couches géologiques profondes jusqu’à sa fermeture définitive.
  • Environ 90 pour cent des dépenses de la Société coopérative nationale pour le stockage des déchets radioactifs (Nagra) et des dépenses liées aux travaux préparatoires tels que les travaux de recherche et les études géologiques (10 pour cent incombent à la Confédération au titre de la gestion des déchets radioactifs produits par la médecine, l’industrie et la recherche).
  • Environ 95 pour cent des dépenses de l’Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSN)
    Les dépenses à la charge de l’Office fédéral de l’énergie (OFEN) pour les centrales nucléaires suisses.
  • Les coûts associés à la distribution des comprimés d’iode ainsi qu’à la mise en place et à la gestion des réseaux de mesures permettant de contrôler les rejets des installations dans l’air et l’eau.

Les exploitants supportent ainsi l’ensemble des coûts associés à l’énergie nucléaire. Il s’agit donc de la seule technologie de production d’électricité de Suisse à ne pas être subventionnée. Pour autant, elle est très compétitive: Seules les grosses centrales hydrauliques et les installations photovoltaïques dernier cri et parfaitement situées peuvent concurrencer l’énergie nucléaire et produire ainsi une électricité abordable.

Toutefois, la prise en compte des coûts de revient seuls n’est pertinente qu’à certaines conditions. Ainsi, pour chaque technologie, les coûts de système doivent être intégrés. Il s'agit ici d’investissements supplémentaires, indispensables, dans l’infrastructure de réseau et dans la distribution d’électricité, ainsi que de coûts liés à la stabilisation du réseau et à l’équilibrage de l’offre et de la demande, c’est-à-dire d’investissements dans les systèmes de stockage et de secours qui garantissent un approvisionnement électrique adapté également sur le long terme.

L’internalisation des coûts de système doit être mise en œuvre par les acteurs concernés et les dirigeants politiques, les effets systémiques ayant des impacts importants sur le marché de l’énergie.

Composition des coûts de revient

Les centrales nucléaires suisses sont soumises au principe du devoir de rééquipement permanent. Ainsi, les nouveautés en matière de sécurité doivent systématiquement être intégrées aux installations. Chaque réacteur sera modernisé et rééquipé plusieurs fois tout au long de sa durée de fonctionnement. Les investissements correspondants peuvent conduire à quelques fluctuations des coûts de revient.

Les coûts du combustible nucléaire représentent une spécificité: Ils se situent entre dix à douze pour cent et sont donc bien inférieurs à ceux des autres technologies telles que le charbon et le gaz. Concernant le gaz, des coûts représentent environ 60 pour cent du coût de revient, le prix de la matière première revêt donc une importance majeure. Si le prix du gaz augmente, les coûts de production augmentent proportionnellement. Dans le cas du nucléaire, le prix de l’uranium seul ne représente que cinq pour cent des coûts de revient. Les réserves mondiales d’uranium sont encore très importantes et le prix de l’uranium est donc particulièrement intéressant. Cela se traduit par des coûts prévisibles, planifiables et stables pour les consommateurs (économie et ménages).

Le graphique ci-dessous présente la composition des coûts de revient sur l’exemple de la centrale nucléaire de Gösgen (source: rapport annuel 2019):

Montant des coûts de revient

Les coûts de revient se composent généralement de deux valeurs: les coûts effectifs et les coûts normalisés. L’évolution annuelle de la valeur des fonds influence les coûts annuels, et par là les coûts de production par kilowattheure. C’est pourquoi, afin d'établir une meilleure comparaison et une meilleure estimation du résultat d’exploitation d'une centrale nucléaire, on calcule également les coûts annuels et les coûts de production normalisés, en plus des coûts effectifs.

Coûts effectifs: exemple de la centrale nucléaire de Gösgen au cours des années passées:

2016

2017

2018

2019

4,06 ct./kWh

2,42 ct./kWh

5,81 ct./kWh

1,95 ct./kWh

Coûts normalisés: exemple de la centrale nucléaire de Gösgen au cours des années passées:

2016

2017

2018

2019

4,63 ct./kWh

3,78 ct./kWh

3,91 ct./kWh

4,23 ct./kWh

Pour pouvoir normaliser les coûts annuels, un taux à long terme de 3,5% est appliqué pour le fonds de désaffectation et le fonds de gestion, conformément à l’ordonnance sur le fonds de désaffectation et sur le fonds de gestion (OFDG).